Gérer la végétation

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Même si la ripisylve est primordiale pour tendre vers un fonctionnement équilibré des rivières, son entretien est nécessaire afin d’éviter la formation d’embâcles susceptibles de favoriser les inondations en perturbant l’écoulement des eaux. Il faut savoir que la vague dévastatrice qui a déferlé sur Saleilles en 1992, s’est sans doute formée suite à la rupture d’un barrage de bois morts situé plus en amont. De fait, on peut imaginer que si un entretien avait été réalisé, ce phénomène aurait pu être évité.
Ainsi, aujourd’hui, il est important de comprendre que l’entretien de cette végétation doit se faire mais de manière raisonnée et non comme à une époque, où le seul objectif était d’accélérer l’évacuation des eaux en ayant recours à des opérations de curage et recalibrage lourdes, souvent inutiles et néfastes pour l’environnement. Un entretien peut être qualifié de « bon » à condition qu’il permette de protéger la population vis-à-vis des crues (en évitant la formation d’obstacle à l’écoulement des eaux) en intégrant la préservation de la biodiversité (ne pas détruire la végétation qui ne perturbe en rien l’écoulement des eaux), élément clé pour le bon fonctionnement du cours d’eau.
C’est selon cette analyse que le SMBVR intervient dans les cours d’eau du bassin versant.
A noter : Dans certains cas un entretien drastique s’impose, par exemple sur les digues classées où la végétation ne doit pas déstabiliser l’ouvrage (racines d’arbres par exemple) et doit être assez rase pour permettre de détecter la moindre dégradation.

LES COMPOSANTES ENVIRONNEMENTALES INTÉGRÉES AUX ACTIONS DU SMBVR

Avant d’intervenir sur un cours d’eau il est indispensable de se poser la question : En cas de crue, y at-il vraiment un risque pour les biens et les personnes ? Si la réponse est non, alors il n’y a aucune raison de mettre en place des actions de gestion de la ripisylve !
Bien souvent, ces zones sans enjeu économique, se rencontrent en « têtes de bassin », là où les cours d’eau prennent naissance (gorges de la Canterrane par exemple).
A noter : Avant d’affirmer qu’il n’y a pas d’enjeu sur un secteur donné, il faut effectuer un diagnostic du cours d’eau sur un linéaire relativement important en aval de ce secteur. En effet, les embâcles qui ne représentent pas de menaces sur une zone amont, peuvent dériver est créer des problèmes plusieurs kilomètres en aval.
Dans le cas où des intérêts économiques sont présents, alors des travaux de gestion peuvent être entrepris :
– dessouchage des arbres présents dans le lit du cours d’eau pour éviter de créer un point dur, favorisant l’érosion des berges voisines,
– abattage des grands arbres vieillissants ou déstabilisés susceptibles de se faire emporter par le courant et de créer un barrage ou de fragiliser un ouvrage,
– évacuation les embâcles déjà présents dans le lit
– débroussaillage pour éviter que les bois morts ne viennent s’y coincer
On peut également envisager des actions pour améliorer la fonctionnalité de la ripisylve, généralement altérée par l’homme :
– Sélection des essences autochtones,
– Replantation d’arbres adaptés au milieu,
– La lutte contre les espèces invasives ou indésirables : renouée du Japon, figuier de Barbarie, canne de Provence, robiniers, peupliers d’Italie…
Les secteurs qui ont été restaurés nécessitent ensuite un simple entretien régulier afin de garder le bénéfice des travaux de restauration.
A noter : L’état d’un cours d’eau résulte des actions et réactions permanentes de la nature et de l’homme. Un cours d’eau en bonne santé garantit le maintien des activités humaines, alors que les travaux hydrauliques abusifs réduisent entre autres la capacité auto épuratoire de la rivière, l’alimentation des nappes, les niches écologiques,…

DEUX GESTIONS DIFFÉRENTES À L’ÉCHELLE DU BASSIN VERSANT

Sur notre territoire, on distingue deux secteurs sur lesquels les enjeux et les modes d’intervention sont différents :
• Sur l’aval, un entretien drastique des berges est nécessaire sur les linéaires de digues classées pour la protection contre les inondations. En effet, à tout moment le SMBVR doit être en mesure de vérifier l’état de l’ouvrage et de constater un désordre qui pourrait entrainer une rupture de cette digue. Sur les secteurs non classés, l’entretien est effectué moins fréquemment et la prise en compte de l’environnement est importante. Par exemple, sur les secteurs en eaux comme la Fosseille aval, seule la partie supérieure de la berge est fauchée de façon à laisser une bande enherbée aux abords de la rivière. Cette zone épargnée de l’épareuse, permet aux animaux de sortir de l’eau et de rester à couvert pour se reposer, se nourrir ou bien nicher. Cet entretien sur les digues classées ou berges enrochées se fait grâce à un tracteur équipé d’une épareuse.
 Sur l’amont, l’entretien est basé sur du dessouchage des arbres présents dans le lit et du débroussaillage mécanique ou manuel selon l’accès aux secteurs. L’enjeu sur ce secteur est d’éviter que des arbres soient emportés lors des crues vers l’aval qui concentre les zones à enjeux (zone urbaines, plaine agricole). Etant donné le potentiel écologique du territoire, avant chaque intervention, l’impact environnemental est évalué et le calendrier d’actions est planifié selon les saisons. Par exemple, en saison printanière on évitera de circuler dans les zones en eau pour ne pas écraser les têtards. Les zones sollicitées par les oiseaux pour nicher seront également entretenues sur une période autre que le printemps.

PLANIFIER LES TRAVAUX DE GESTION DE LA VÉGÉTATION

Les plans de gestion ou Plans Pluriannuels de Restauration et d’Entretien de la Végétation (PPREV) sont des outils de programmation pluriannuelle d’entretien et de maîtrise des boisements des cours d’eau. Ces documents planifient sur 5 ans les chantiers de restauration et d’entretien de la végétation en priorisant les secteurs à enjeux de manière cohérente à l’échelle d’un cours d’eau.
La réalisation d’un plan de gestion comprend 3 étapes :
1. Diagnostic de l’état du cours d’eau et des berges : caractéristiques de la végétation des rives, des berges et du lit, éventuels dysfonctionnements (érosion, présence d’espèces non adaptées, dégradation des ouvrages d’art, présence d’embâcles…), atterrissements…
2. Proposition de travaux : plantation, entretien de la ripisylve, éradication d’espèces envahissantes, protection des berges…
3. Planification, hiérarchisation et chiffrage des travaux.
Un 1er PPREV sur le Réart a été établi pour la période 2015-2019, le 2eme est en cours pour la période 2020-2024. Pour les autres affluents de l’Etang de Canet-St-Nazaire : Llobères, Fosseille, Agouille de la Mar, un 1er PPREV est déployer pour la période 2020-2024.

Pour qu’une collectivité puisse intervenir en subsitution à des propriétés privés sur l’entretien régulier des cours d’eau, il faut que l’intervention soit légitimée par une déclaration d’intérêt général (DIG) délivrée par la Préfecture suite à l’examen du prévisionnel de travaux inscrit dans les PPREV. Les deux DIG (Réart et Llobères/Fosseille/Agouille de la mar) sont en cours d’intruction auprès des services de l’Etat.

Cette programmation des chantiers sur l’ensemble des cours d’eau du bassin versant permet d’optimiser la planification du travail de la brigade verte et de prioriser sur les secteurs les plus urgents.
Lorsque des zones sont inaccessibles ou inappropriées pour le passage de la brigade verte, le Syndicat a également recours à des entreprises spécialisées possédant le matériel adapté.